Patronymes des 5 villages des Bois

BARTHOL (ou Barthod, Berthol, etc...) : nom dérivé de Barthélémy, ou Bartholomé ; connu à Montbéliard depuis le XVIe siècle ; porté très honorablement par une famille originaire de Vesoul et réfugiée chez nous, à cause de sa foi évangélique. En 1558, en effet, un nommé Ogier Barthol (des Haberges proche Vesoul) fuit la persécution et, à cause, de ses grandes capacités, il est nommé pasteur à Allenjoie : "Pour la vraie religion, dit l'Examen des Ministres, il a abandonné une importante situation, avec son patrimoine". En 1559, son frère Léonard, accusé, lui aussi d'hérésie, est condamné à avoir la langue coupée et à être banni perpétuellement.
Et c'est ainsi qu'après 1559, nous retrouvons le pauvre mutilé, d'abord à Présentevillers, où il avait acheté une maison, puis à Montbéliard, et enfin à Sainte-Suzanne auprès de son frère Ogier, qui y avait été nommé pasteur. Léonard meurt en 1586, et Ogier en 1593, dans une grande pauvreté. De ces deux frères descendent les nombreux pasteurs Barthol, du Pays, et aussi divers artisans (taillandiers, couturiers, menuisiers, pâtissiers, etc...)
(G.P. - La lignée des Pasteurs Barthol par Ch. Mathiot SHPF 1935)

BELOT, Bellot, puis Bolot : nom répandu à Coisevaux, dès 1499, puis à Byans, vers 1523 ; à Brevilliers, au XVIIe siècle, puis à Héricourt. Il doit provenir de Bel, ou Beau ; puis on le confond avec un autre sobriquet évoquant l'idée de rondeur.
Un pasteur, qui se nomme, lui-même, Pierre Belot, mais que certains textes nomment Pierre Bolot, est cité comme ayant été d'abord à Dampierre-les-Bois ; en 1561 il se déclare "loin du Comté" et il demande à vendre un petit héritage provenant de sa première femme décédée, Alix Marcoux, d'Étupes, et cela, en faveur de leurs enfants Pierre, Daniel, Jehan, Jehanne et Anne. Il est alors remarié, et habite la Suisse, auprès du réformateur Guillaume Farel, déjà âgé, et qui lui demande d'abriter quelque temps sa fiancée Marie Thorel : ceci se passe en 1558. Puis on retrouve Pierre Belot, ou Bolot, à Mâcon et Annonay, de 1561 à 1562 ; et il retourne en Suisse.
D'autre part, un Pierre Belot (est-ce son fils ainé ?) est pasteur à Brevilliers de 1570 à 1578 ; il est destitué avec cinq autres pasteurs, pour avoir refusé de signer la "Formule de Concorde" Luthérienne. En 1581, nous le trouvons à Orbe, en Suisse.
Enfin, au XVIIIe siècle, un Jacques Belot, originaire d'Héricourt, et devenu officier dans un régiment suisse est mêlé aux affaires politiques de la principauté de Montbéliard, au moment de la mort du Prince Eberhard-Louis (1733) et ayant, avec d'autres personnages, commis des abus de pouvoir, il fut désavoué par Charles-Alexandre, condamné, et exilé.

BOICHOT (Boichat, Bochat) : Un nom d'Échenans-sous-Mont-Vaudois, où il existe déjà en 1455. Répandu à Luze, vers 1500, puis à Granges, Brevilliers, Couthenans, etc... Les Boichot étaient originellement sujets de la seigneurie ecclésiastique de Belchamp. Le nom proviendrait-il du patois : Bouetchot, bouc,ou Bochot, gros nez ?

BOILLOT (Boillat, Boillou, Boilley) : En patois, un boillet est un BOILLOT (Boillat, Boillou, Boilley) : En patois, un boillet est un bourbier ou une flaque d'eau. Peut-être le patronyme Boillot vient-il d'une maison d'habitation se trouvant près d'un bourbier ? On trouve des Boillot à Luze dès 1499, et le nom s'y perpétue sous diverses formes, aboutissant au mot encore existant de Boillou, ou Boilloux.
D'autre part, le même nom de Boillot existe en 1484 à Allondans, en 1494 à Beutal, et au XVIe siècle, à Blamont, et il continue à s'étendre sous les formes de Boilley, Goilley, coexistant avec Boillot. Au XVIIe siècle, nous trouvons ces noms à Audincourt, Arbouans, Valentigney, etc ...

BONHOTAL (ou Bon Hostel, Bon Hostal) : Nom qui signifie : bonne maison, la demeure se disant en patois : " Hôtâ "). On trouve des Bonhotal à Chenebier, dès 1499, puis à Échavannes et à Étobon, au XVIe siècle, et plus tard à Luze et à Héricourt. En 1621, un Guillaume Bonnostal, de Luze, est reçu bourgeois de Montbéliard.

BOURLIER (Bourrelier, Borrelier) : Patronyme venant d'une profession. Déjà existant au XVe siècle à Colombier-Fontaine et à Sainte-Marie ; puis au XVIe à Bethoncourt (Bourelier, alias Gaudry) ; à Montbéliard, et au XVIIe siècle, dans plusieurs de nos villages. Un diminutif : Bourreleret, a existé à Sainte-Marie.

BOUTEILLER (ou Botailler, Boutoiller, etc...) : En 1487, se trouve à Chagey, un "Jehan Botailler, fils de feu Jehan Quaty". Ce nom de Botailler, orthographié de bien des manières différentes, est, sans doute, un sobriquet, venant peut-être d'une fonction auprès d'un seigneur. En tout cas, la famille ainsi nommée était mainmortable du fief de Nans, à Chagey. Les seigneurs de Nans (près de Montbozon) avaient des fiefs aussi à Luze, à Champey, etc... Les Bouteiller ont fini par s'étendre de Chagey à Échenans-sous-Mont-Vaudois, Luze, Échenans-sur-l'Étang, etc...

BRETIGNEY (OU Bretinnier, Bretenier, Bretegnier). Nom provenant, sans nul doute, du village de ce nom situé près de Beutal, et qui a eu une destinée troublée : d’abord détruit au XIVe siècle, ce qui provoqua l’exode des habitants survivants ; repeuplé au XVIIe siècle, il a laissé son nom à une famille installée vers 1620 à Trémoins, et qui s’est étendue à Frédéric Fontaine, Héricourt, …

BUGNON. Famille venue de Suisse à la fin du XVIIe siècle, et installée à Étobon, en la personne de Jean Bugnon, né vers 1664, et originaire de Fleurier (Neuchâtel). Le sens du mot : Bugnon est : rucher, car un proverbe suisse s'exprime ainsi, à propos d'apiculture : "A l'Ascension, les beaux bugnons".

CHARLEMAGNE. Nom assez rare au Pays, sauf à Abbévillers, où il se trouve déjà en 1494, sous la forme : Charlimaigne, ou Charlemaigne, et où il s'est perpétué jusqu'aux temps modernes. Le personnage de Charlemagne, entré dans la légende, représentait aux yeux de nos ancêtres l'un des plus anciens organisateurs célèbres ; on disait même, en patois, pour conserver les vieilles traditions : "Laissons les bornes où Charlemagne les a plantées."

CHARME. Très ancien patronyme d'Etobon. Provient peut-être de l'arbre ? Très répandu dès le 15e siècle à Etobon et dans les villages voisins, notamment à Belverne.

CLEMENÇON (ou Clémençot). Ancien patronyme de Dasle où les Clémençon apparaissent dés 1525 ; mot se transforme ensuite en Clémençot et se perpétue sous cette forme jusqu'aux temps modernes. En 1670, un Adam Clémençot, sujet mainmortable de Dasle, âgé de 50 ans, a de nombreux enfants issus de deux mariages. Ce nom est un diminutif de Clément.

CLERC (ou Le Clerc, Clert). Patronyme répandu partout et qui s'explique de soi-même. Au Pays, nous trouvons des Clerc nombreux, et qui ne semblent pas avoir entre eux de liens de parenté. Il y en a en 1443, à Montbéliard, en 1446 à Lougres et à Échenans-sous-Mont-Vaudois, en 1443 à Désandans (Clerc alias Bataille, et Clerc alias Maigni) ; en 1489 à Écurcey, avec la forme Malclerc ; un peu auparavant à Nommay, avec la forme Guillot fut Clert. A ces Clerc du Pays s'ajoutèrent au 18e siècle ceux venus de la Suisse romande.

CROISSANT. Rémy Croissant, l'ancêtre de tous les personnages portant ce nom, dans notre pays, était l'un des seize fondateurs, en 1588, du village de Frédéric-Fontaine, appelé d'abord : tou nô vlaidge (le neuf village). Ce Croissant venait, d'après la charte de fondation, de Breroncourt (et non Bressoncourt) ce qui doit être Broncourt, actuellement en Haute-Marne. Il a eu des descendants non seulement à Frédéric-Fontaine, mais aussi à Clairegoutte, au Magny d'Anigon, à Héricourt, et en d'autres lieux. (G.P. - Par P. Croissant, "Une famille du Pays de Montbéliard, les Croissant de Frédéric-Fontaine", 267 pages, Montbéliard 1977).

DEBARD, Debart, de Bart, de Bairt. La première mention de ce nom est à Montbéliard, en 1318, dans la liste des bourgeois, avec Briat de Bairt (de Bart). Nous retrouvons, en 1484, un Jehan de Bert (ou de Bairt) à Issans. A Bart même, qui devait avoir, jadis, une assez grande importance, vivaient, au XVIe siècle, Jehan et Mathis de Bart, puis Jehan Vuillot de Bart. La forme Debart apparaît à Héricourt, au XVIIe siècle. Et en 1704, le nom revêt l'orthographe moderne : Debard. La statistique portant cette date renferme, comme représentants de ce patronyme, désormais bien implanté à Héricourt, les noms de Pierre Debard, tisserand, 36 ans, avec sa femme Henriette Mougey, 35 ans, et 5 enfants.
Et puis Jacques Debard, laboureur, 47 ans, et sa femme Catherine Rayot, 49 ans, et ses 3 enfants, Elisabeth, 21 ans, mariée à Gabriel de France, Jean, 13 ans, et Gabriel, 8 ans.

DEBOUT ou de Bout. Nom de Saint-Maurice, où il se trouve déjà en 1489, comme celui d'une famille noble. Il figure aussi dans la seigneurie de Clerval, dès le XVIe siècle. On écrit alors tantôt : de Boux, tantôt : de Bout, ce qui donne finalement : Debout. Ce nom est connu surtout par le Pasteur Claude Debout, d'Étobon et Belverne (1586-1616) qui avait épousé Antoinette Barthol, la fille de Léonard, dont nous avons déjà parlé plus haut comme d'un martyr huguenot de Vesoul ; et aussi par le Pasteur Ogier Debout (fils de Claude), qui a desservi successivement les paroisses d'Héricourt, Colombier-Fontaine, Glay, Bavans, Belverne et Étobon. C'est à Étobon qu'il est mort de la peste, en 1635.

DE FRANCE. En 1454, est reçu bourgeois de Montbéliard, Jehan de France, chappuit (charpentier) :ce trait montre bien qu'il ne s'agit pas ici d'une famille noble (qui serait de race royale), mais bien, comme dans tant d'autres cas, d'une famille venue d'au-delà des frontières du Pays. En 1499, il existe à Couthenans, un Jehan de France ; puis, un peu plus tard, à Bussurel et à Chagey. Au XVIIIe siècle, se trouvent à Héricourt, dès 1704, Etienne de France, lieutenant de bailliage, 54 ans, avec Catherine Tournier, sa femme, 55 ans, et 3 enfants ; et aussi, un autre Etienne de France, tailleur d'habits, 36 ans, et Marie Siegler, sa femme, 23 ans, avec 2 enfants. Une aïeule est au foyer, Judith Vuillamier, veuve de fut Jehan de France.

DEMOINGIN, Demougin, Demougeot, avec toutes les formes qui en sont dérivées : Moingin, Mougin, Mougeot, Mougey, Moigey, etc... Les unes proviennent de Dimanche, ou Démange, les autres de Dominique, toutes ayant comme racine : Dominas. Seigneur.
Les premières formes : Demoingin et Demougin apparaissent à Belverne, au XVe siècle, les deuxièmes avec Moingin ou Mougin, dès 1443 à Étupes, puis en 1501 à Sainte-Marie ; plus tard, à Dannemarie et Villars-les-Blamont, avec Mougey, Moigey ; à Audincourt, avec Mougey ; et au Magny d'Anigon, Dung, Présentevillers, Blamont, avec Demougeot. Ce qui est curieux, c'est l'alliance du prénom : Demoinge, avec le nom : Moingin, comme appartenant à un personnage originaire de Blamont en Lorraine : Demoinge Moingin, reçu bourgeois de Montbéliard, en 1578. Dauzat fait remarquer combien l'Est de la France est riche en patronymes issus de Demange.

DE THOUX, De Toux, Detoux (de Tuz). Nom très ancien de Sainte-Marie, où il figure déjà en 1475, sous la forme incompréhensible de : "de Tuz". En 1494, le mot change d'orthographe, et s'écrit : De Tout, puis en 1 501, et après : De Toux. Finalement, au XVIIe siècle, on trouve la forme plus répandue de : Dethoux ou Detoux. Il y en a des représentants à Désandans et à Allondans, au XVIe siècle ; à Exincourt et à Aibre au XVIIe ; et à Saint-Julien, au XVIIIe.
A Montbéliard, les porteurs du nom viennent tous de Sainte-Marie : en 1542, Thomay de Toulz, escofier (tanneur) reçu bourgeois, est de Sainte-Marie. De même, en 1569, Nicolas de Thoux ; en 1615, Claude de Thoux, tisserand ; en 1619, Jacques de Thoux, reçus bourgeois, sont de Sainte-Marie. Sur la même liste de bourgeois, se trouve en 1635, Georges de Thoux, coutelier, fils de feu Pierre, également originaire de ce village.

DOMIMIQUE. Nom entré au Pays avec l'un des treize premiers pasteurs de campagne de 1541, Firmin Dominique, originaire du Comté de Vaudémont, en Lorraine, et nommé d'abord à Abbévillers, puis à Clairegoutte. La visite ecclésiastique de 1544 note à Clairegoutte : " maître Firmin comme étant de bonne vie et conversation, sans usure ni scandale ; il prêche et enseigne fidèlement ". D'autres visites ultérieures sont moins élogieuses à son sujet. Son fils, Abraham Dominique, se marie en 1533 et fait souche à Clairegoutte, où nous trouvons plusieurs de ses enfants, dont Abraham, dit " le Jeune " et Isaac ; et la famille s'étend au Magny d'Anigon et ailleurs.

DORMOY, Dormois. Voici encore un patronyme très ancien et très répandu. Il ne semble pas que l'origine en soit, du moins chez nous, le village d'Ormoy, près de Jussey : il y avait jadis, un peu partout, des plantations d'ormes, ou ormoies, et cela explique suffisamment la profusion des familles dénommées : d'ormoies. ou Dormois, ou Dormoy. La première mention que nous trouvons du patronyme est à Saint-Valbert, à la fin du Xve siècle ; puis l'on trouve des Dormoy à Trémoins, vers 1524 ; à Byans. vers 1532 ; à Désandans. vers 1540 ; à Couthenans et à Blussans, au XVIIe siècle ; puis à Chagey, à Luze, à Échenans-sous-Mont-Vaudois, etc...

DUBOIS, Du Bois, Dy Boz, Nom banal, et fréquent à proximité des régions forestières. Au Pays, nous avons des Dubois autochtones, et aussi des Dubois venus de Suisse, dès les temps anciens. Ainsi, il existe à Belverne, des Dubois, ou Dy Boz (en patois) vers 1500. Et, en même temps, on trouve à Montbéliard, vers 1503, un Jacques Dubois, reçu bourgeois de Montbéliard, comme venant de Lausanne (Vaud). Et au XVIe siècle, de 1524 à 1573, on peut suivre à Montbéliard, toute une dynastie de Du Bois, argentiers et orfèvres, installés rue des Febvres. Et quelques descendants de ces membres de la corporation des Saint-Eloi, se retrouvent encore au XVIIe siècle.
On rencontre des Dubois montbéliardais en de nombreux villages : à Chenebier, un Jehan des Boz, vivant en 1500, a des descendants appelés Dy Boz. A Étobon, il y a des Duboz, en 1543. A Belverne, après les dévastations des Guises, en 1588, figurent sur la liste des sinistrés, Pierre, Nicolas et Jehan Du Bois. Il y a aussi des Dubois au XVIe siècle, à Colombier-Châtelot (1523) puis, plus tard, à Bussurel (XVIIe siècle) et Échavanne (XVIIIe).
Enfin, après la guerre de Trente Ans, nous voyons arriver au Pays plusieurs branches de Dubois neuchatelois : les Dubois, alias Cousandier, originaires de la Chaux-de-Fonds, sont, vers 1687, dans les bois de Saint-Julien. A Montbéliard, Daniel Dubois, du Locle, se fait recevoir bourgeois de la ville, en 1711. A la même époque, se trouvent des Dubois suisses, à Bethoncourt, Bondeval, Abbévillers, puis Voujeaucourt.

DUPUITS, Dupuis, Dupuy. En citant ce patronyme, très répandu en France, Albert Dauzat lui attribue deux origines : ou bien le puits, trou profond donnant de l'eau, ou bien le puy, tertre ou butte. Chez nous, c'est le premier sens qui prévaut, bien que l'usage n'ait fait aucune distinction pour l'orthographe. Nous trouvons des Dupuits, ou Dupuis, au XVIIe siècle, à Frédéric Fontaine et à Héricourt. En 1694, un Pierre Dupuits, cloutier à Héricourt, épouse, en deuxièmes noces, Anne-Catherine Cuvier, fille de Jean. Et en 1720, son fils Jean-Gaspard, tisserand, épouse Marie Iselin, fille d'Isaac, cloutier à Clairegoutte. Le nom de Dupuits s'est perpétué jusqu'à nos jours, dans cette région. Mais il y a aussi des Dupuis, ou Dupuy, à Dampierre-les-Bois, au XVIIIe siècle.

DURUPT. Le premier Durupt aperçu au Pays est l'un des seize fondateurs du village de Frédéric-Fontaine, en 1588 : c'est Jehan Durupt (avec son fils Guy) venant de "Boignon en Bourgogne" (Bougnon, près de Vesoul). Comme il eut d'autres enfants (Didier, Gaud, Claudine, Juliane, etc...) la famille s'étend et se fixe dans les villages des Bois, et ailleurs.
Il reste encore des Durupt dans la région de Vesoul et environs.

DUVERNOY, Du Vernoy. Patronyme appartenant au village du Vernoy, groupé autour d'une dépendance de l'abbaye de Belchamp, de l'ordre des Prémontrés, appelée : grangia, ou (par abus) prieuré de Vaulx (d'où l'autre nom : Devaulx, ou Duvaulx).
Tous les Duvernoy du Pays de Montbéliard - et ils sont nombreux - ont donc cette origine monastique. Nous trouvons, en 1440, à côté d'un Nicolas Duvernoy qui a élu domicile à Aibre, un Richard Duvernoy, demeurant au Vernoy, et qui rachète du seigneur abbé de Belchamp, trois meix mainmortables vacants, pour y placer son fils Horry, devenant ainsi lui-même mainmortable sur ce bien, de libre qu'il était auparavant. Mais en 1478, les trois fils d'Horry, l'un appelé aussi Horry, le deuxième Guillaume Godinet, et le troisième Guillaume le Jeune, se rachètent de cette mainmorte toute récente, contre une bonne somme en florins d'or, payée au nouvel abbé, Guillaume Fallet. Et c'est de ces trois frères que sont descendus tous les Duvernoy, désormais libres de s'en aller ailleurs et de suivre une carrière de leur choix (voir notre étude : Un village affranchi, 1933).
Plusieurs descendants d'Horry restèrent à la terre, tandis que d'autres furent prêtres, ou juristes. Nous en trouvons comme vignerons à Courchaton ; quelques-uns s'installèrent en ville comme tanneurs, bouchers, artisans de divers métiers, commerçants. C'est de cette branche que sont sortis aussi les musiciens distingués qui entrèrent au Conservatoire de Paris comme professeurs. Nous comptons, en plus, sept pasteurs comme descendants d'Horry.
La branche de Guillaume Godinet Duvernoy, dont certains descendants portèrent le surnom de Vuillot, fournit de nombreux agriculteurs, restés au village ou installés un peu plus loin ; et puis des tanneurs, des médecins, des apothicaires, des marchands, des juristes et des érudits (le savant historien Charles Duvernoy [1776-1850] par exemple). Nous avons noté huit pasteurs dans cette descendance. C'est aussi de cette branche que sont sortis les Duvernoy devenus Allemands (Stuttgart).

FAIBVRE, Faivre, Febvre, Févre. Patronyme extrêmement répandu partout, sous de multiples formes, toutes sorties du latin faber, qui signifie forgeron. A Héricourt, nous notons un Aubry Faibvre, en 1438 ; à Saint-Julien, le nom apparaît en 1494 ; à Échenans-sous-Mont-Vaudois, en 1507 ; à Villars-les-Blamont, en 1513 : ici, c'est toute une histoire qui commence, et qui durera pendant des siècles, avec différentes péripéties : Guillaume Faivre, alias Ribaud et Huguenin Faivre louent au chapitre de Saint-Hippolyte, pour eux et leurs héritiers, un meix mainmortable. Les descendants de ces Faivre auront souvent des démêlés avec les chanoines, à propos de ce meix, comme nous l'avons longuement expliqué dans notre étude sur Villars {un village mainmortable, 1929). Il est resté plusieurs familles Faivre à Villars (Faivre-Maillard, Faivre-Pétrey) qui ont été affranchies avant d'autres familles du village. Nous trouvons encore des Faivre (avec diverses orthographes) en 1514 à Lougres ; en 1520, à Audincourt ; en 1548, à Blamont ; en 1562 , à Clairegoutte ; en 1588, à Montécheroux, puis à Champey, à Grand-Charmont, à Nommay, à Brevilliers, etc.
Il y a aussi des Faivre venus de Suisse au Pays, au XVIIe siècle : ceux que nous avons découverts venaient de la région de Saint-Imier ; ils étaient à Raynans.

FERRANT, Ferrand, Farrant (en patois : Foirand). Voici encore un nom, semble-t-il, qui doit provenir de l'industrie du fer. La première orthographe rencontrée dans les archives, pour Sochaux, village d'origine de ce patronyme, est : Ferrant. On a parfois supposé que ce nom viendrait du mot : ferrand, signifiant : cheval gris de fer. Cela est possible pour certaines régions ; mais, chez nous, où nous avons eu, dans les temps anciens, les nombreux artisans en fer dont nous venons de parler, c'est la première acception qui nous paraît la plus acceptable. Cela ne signifie pas, naturellement, que tous les Ferrant (ou Ferrand, comme le nom a fini par se fixer) ont été des forgerons ou des maréchaux-ferrands ; nous ne relevons ici que l'origine du patronyme. En fait, il y a eu à Sochaux, depuis 1443 jusqu'à nos jours, de nombreux Ferrand cultivateurs. Ils ont essaimé à Montbéliard, Vieux-Charmont, Le Vernoy, Couthenans, Hérimoncourt, etc... où ils ont exercé diverses professions.
A Montbéliard, notamment, nous relevons, d'après l'étude de J. Mauveaux sur les corporations, la présence d'un potier d'étain estimé : Georges-Samuel Ferrand, maître en chef de la chonffe, en 1785. Au XVIIIe siècle, plusieurs Ferrand sont maîtres-tisserands en ville. Enfin, rappelons l'exemple bien connu de Jacques-Frédéric Ferrand, maître-bourgeois en chef de la ville de Montbéliard et qui, ayant à recevoir officiellement, au nom des trois corps constitués, le Conventionnel Bernard de Saintes, muni de la guillotine, et prétendant apporter à notre Pays la liberté ! lui répondit fièrement et courageusement :
" La liberté, nous la connaissons depuis longtemps ; c'est un bienfait de nos princes !. "

FOURTOT, Fourtat, Fortot. Le patronyme Fourtot, avec ses nombreux représentants, se trouve surtout à Héricourt, Montbéliard et Clairegoutte ; mais il existe aussi ailleurs. D'après toutes les apparences, et selon notre conviction, il doit signifier en langage montbéliardais : constructeur de fours (dans d'autres régions de France, on disait : fourtier. A Montbéliard, on appelait de même : toictot, ou toitot, celui qui faisait les toits ou les recouvrait).
En 1432, Perin Fourtot d'Héricourt, est reçu bourgeois de Montbéliard. En 1450, les Fourtot travaillent déjà à Montbéliard, comme maçons. En 1509, le receveur Vautherelit fait figurer dans ses comptes une note payée à un maçon nommé Jehan Fourtot : "pour avoir bouché un pertuis". En même temps, Jehan et Georges Fourtot, maçons, sont payés pour leur travail à raison de 2 gros par jour. En 1548, un Pierre Fourtot est maître maçon à Montbéliard ; à la même époque, Renaud Fourtot est maître boucher ; en 1609, Girard Fourtot est maître tailleur. A partir du XVIe siècle, il y a des Fourtot à Clairegoutte ; en 1588, Perin Fourtot est parmi les sinistrés des Guises ; et ensuite les Fourtot se multiplient à Clairegoutte, Frédéric-Fontaine, Chenebier, Magny-d'Anigon, etc...

FRANÇOIS, Français. Dans notre Pays, le patronyme François provient bien moins du prénom, très répandu jadis, à cause de Saint François, que de l'origine française des individus ou des familles ; car, pour un Montbéliardais d'avant 1793, tout ce qui venait de l'autre côté de la frontière du Comté ou des Seigneuries, était bourguignon pour la province de Franche-Comté, ou français pour les autres provinces. Les premiers porteurs du nom rencontrés dans nos archives, sont à Luze et à Chagey. vers 1513 ; puis à Brevilliers, vers 1550 ; à Chenebier, vers 1588 ; à Champey, vers 1620 ; puis à Frédéric-Fontaine, à Byans et à Héricourt, depuis le XVIIIe siècle.
D'autre part, l’Armorial de Montbéliard, enregistre une branche de François, plus récemment arrivée au Pays : c'est celle de Daniel, fils de David, et chapelier, venant de Sainte-Marie-aux-Mines, en Alsace ; il est reçu à la bourgeoisie en 1666.
Autrefois, on écrivait ce patronyme : François ; maintenant, c'est l'orthographe : Français qui a prévalu. On trouve encore des familles s'appelant : Français, au Magny d'Anigon, à Byans, et aussi dans les localités industrielles, qui ont absorbé tant d'habitants de nos anciennes communes rurales.

FRIDEL, Friedel, Fridez, Fridey. C'est probablement le prénom de Frédéric (en allemand Friedrich) qui est à l'origine du patronyme ancien Fridey ou Fridel. Dans les deux cas, on trouve l'idée de paix (Friede). Le patronyme Fridel apparaît à Chagey, déjà en 1499, avec Amyot Fridel, échevin ; puis, en 1513, avec Vaubert Fridez ; et, en 1530, le nom s'orthographie : Fridey. Et puis, il semble disparaître de Chagey, en apparaissant, à ce moment, tout à côté, à Luze, avec des sujets de la vieille Seigneurie de Nans, qui s'étendait, d'ailleurs, sur une partie de chacun des deux villages. Nous trouvons donc à Luze, en 1565, un Claude Fridel et son fils Jehan ; en 1589, Jehan Fridel, 60 ans, et Regnault Fridel, 40 ans, neveu d'un Claudot. En 1571, d'autre part, s'ouvre, à Héricourt, la succession de Nicolas Fridel, bourgeois de la ville, au profit de sa veuve Jehannette et de leurs quatre enfants. Un peu plus tard, en 1651, un recensement mentionne Nicolas Fridel, "sergent" et bourgeois d'Héricourt. Enfin, en 1673, nous rencontrons, à Tavey aussi, des Fridez, avec Claude, fils de Nicolas. Pour les temps plus récents, à partir du XVIIIe siècle, c'est la forme : Fridel qui est restée. D'ailleurs, nous avons constaté, à plusieurs reprises, que dans la famille Fridel, l'élément féminin a été souvent plus nombreux que l'élément masculin, ce qui explique la disparition fréquente du nom et son absorption par les familles Lods, Noblot, etc ...

GIRARD, Girardey, Girardot. D'après Dauzat, Girard correspond à Gérard, qui provient du germain : Ger-hart, lance dure, ce qui serait le contraire de Douce- lance. Les noms formés de ces racines : Ger-hart, sont nombreux, avec diverses désinences qui, toutes, ont duré jusqu'à nos jours. En 1404 déjà, on rencontre à Richebourg (village détruit, prés de Laire) un Guillemin fils de Girard. En 1374 aussi, il y a des Girard à Brevilliers et à Vian. En 1450, on rencontre des Girard à Montécheroux, puis nous en trouvons vers 1504 à Audincourt et vers 1530 à Étupes ; plus tard, à Dasle et à Lougres. Au XVIIe siècle, on rencontre aussi des Girard suisses, à Semondans.
D'autre part, il existe, au moins depuis 1475, des Girardin à Sainte-Marie, et en 1494, à Étupes. Il y a, en 1543, des Girardot à Aibre et à Champey ; en 1588, à Montécheroux et, en 1593, à Désandans et à Allenjoie. En 1509, nous trouvons, à Héricourt, un Jehan Girardot comme "portier à la porte de l'Hôpital". Est-ce le même qui, en 1531, fait son testament "à cause du danger de peste" ? Enfin, en 1520, on rencontre des Girardey à Voujeaucourt et, en 1543, à Saint-Maurice, où ils prennent parfois le nom de Girardet, comme aussi à Étobon. L'ancien inspecteur ecclésiastique Louis Girardez était aussi du Pays : il était né à Mandeure en 1838.

GRANDJEAN (ou Grandjehan). Les noms de famille composés de Jehan sont innombrables et, au Pays de Montbéliard, nous avons des Grandjehan connus, depuis 1562, à Clairegoutte, et depuis 1567 au Magny d'Anigon. Un peu plus tard, on en trouve à Etobon ; en 1594, il y en a d'autres à Vaudoncourt. Or, ces Grandjean du Pays se mêlent, au XVIIe siècle à ceux venus de Suisse, et il faut des recherches spéciales pour retrouver, à présent, l'origine de chaque famille.

GROSRENAUD voir REGNAULD

HENRI, Henricet, Henridot, Henriot, Hory. Le prénom Henri (d'origine germanique) a servi de racine sous sa première forme : Heinrich, simplifiée, à des rameaux innombrables et touffus. Il n'est guère de village qui n'en ait au moins un ou deux. C'est dire combien il est difficile de débrouiller cet écheveau de composés et de dérivés. Pour en donner un exemple, trouvé sur nos listes d'Héricourt, voici, au XVIe siècle, un Aubry Henridot, dont le nom se simplifie ensuite, par abréviation, et devient : Abrihenridot (en un mot) ; peu après, nous le trouvons transcrit : Brihenridot, qui subsistera longtemps et dont on ne savait peut-être plus l'origine.
Ce prénom Henri (ou Henry), qui est à la base de tant de patronymes, se trouve d'abord, tel quel, dès 1368, à Sochaux et à Saint-Valbert ; en 1489, à Autechaux ; puis, en 1511, à Hérimoncourt ; en 1530, à Belverne ; en 1542, à Blamont ; et, en 1590, à Vandoncourt. A Montbéliard, on l'avait orthographié, au XIVe siècle, Henriz et Henris. Le dérivé Henricey est à Bussurel en 1510, et à Byans, en 1532 ; il devient, peu après, Henrisse à Echenans-sous-Mont-Vaudois. On trouve aussi des Henrichon à Abbévillers, en 1590.
Mais ailleurs, on avait changé Henry en Hory (ou Horry) : en 1374, nous trouvons à Héricourt, un Hory fils Jehannet ; à Etupes et à Montbéliard, il y a des Hory dès le XVe siècle ; à Clairegoutte, nous en trouvons aussi à la fin de ce XVe siècle, et ils y sont restés jusqu'à nos jours. Au Magny d'Anigon, où il y avait des Hory, une branche du XVIe siècle apparaît comme Petit Hory, puis en un seul mot : Petithory, existant encore en divers lieux.
En 1543, nous avons aussi des Hory à Aibre ; puis, un peu plus tard, à Colombier-Fontaine et à Saint-Maurice. Enfin, notons encore qu'à Clairegoutte, certains Henry ont été nommés, au XVIe siècle, Henryot et Henriot.

HUGUES, Hugue, Huguenin, Huguenot, Hugoniot. Hugues est aussi un de ces noms primitifs qui ont donné lieu à une quantité de dérivés. D'après Dauzat, la racine "Hug" signifie : intelligence. C'était donc un honneur que d'en porter un reflet.
En 1324, il existe, à Raynans, un "Hugue, de Raingnans". Au XIVe siècle aussi, nous trouvons, à Bavans, des Huguenin, nobles ou roturiers ; à Beaucourt, des Huguenin dit Broc ; à Nommay, Huguenin le Chappux (charpentier) ; à Pierrefontaine et à Saint-Julien, des Huguenin (tout court) et à Voujeaucourt, un Huguenin fils Courtat. En 1400, apparaissent à Luze, des Huguenin dit Bessat. Au XVe siècle, nos listes portent à Brevilliers et à Héricourt plusieurs Huguenin ; et à Montbéliard, est noté Huguenin le sellier ; au XVIe siècle se trouvent aussi, à Blussans, divers Huguenin. D'autre part, dans plusieurs coins du Pays, arrivent de Suisse, à la fin du XVIIe siècle, des Huguenin neuchâtelois : à Villars-les-Blamont, un Jean Huguenin vient de Moutiers-Travers ; un autre, nommé David, vient du Locle ; il meurt à 30 ans, en 1717.
Voici maintenant la forme : Huguenot, dont nous avons des représentants à Coisevaux dès 1309, puis, un peu plus tard, à Bethoncourt, avec les Huguenot le Courbe ; à Sochaux, avec les Huguenot dit Caresmentrant (voir plus haut) ; à Audincourt, avec les Huguenot dit Nicolas ; à Vandoncourt, avec Huguenaz fils fut Doueine ; enfin, en 1490, à Badevel, avec divers Huguenot. Plus tard encore, une branche de Huguenot, occupés à diverses fonctions importantes à Montbéliard, porte le surnom de Lalance (Huguenot dit Lalance). On le voit, pour nos régions, le nom n'a aucune signification religieuse, dans notre pays tout protestant. Enfin, un autre dérivé de Hugues, Hugonnot, qui appartient plutôt à la région montagneuse de Sancey-le-Grand, est voisin de la forme Hugoniot, cantonnée plutôt à Liebvillers vers 1540, puis à Montécheroux, au début du XVIIe siècle : ici, la branche Hugoniot s'est fixée, et elle y est restée jusqu'à nos jours, en se répandant encore aux environs, notamment à Hérimoncourt.
Une forme rare de Hugues, Hugart, se rencontre ça et là, notamment à Bart, en 1443.
Nous n'avons épuisé que pour notre Pays la liste des dérivés de Hugue ; mais il y en a encore beaucoup d'autres ailleurs (voir Dauzat).

HUMBERT. Voici un patronyme qui fut très répandu jadis, et qui s'est maintenu un peu partout ; il signifie, d'après Dauzat, "géant illustre" (Hunbehrt).
Au Pays, nous rencontrons d'abord les Humbert autochtones ; puis, comme souvent dans nos régions, des Humbert suisses, après la guerre de Trente Ans.
Pour l'année 1374, nous avons trouvé sur une liste d'Héricourt, un Humbert, fils Guillaume, de Mandrevillars ; en 1392, les listes de Désandans portent aussi des Humbert ; en 1443, il y en a, de même, au Magny d'Anigon ; en 1475, à Sainte-Marie ; en 1494, à Beaucourt : ici, la branche Humbert est comprise parmi les mainmortables, les "taillables à volonté" avec un Pierre Humbert de 1507. En 1540, d'autre part, on rencontre des Humbert à Colombier-Châtelot, puis, plus tard, à Exincourt, à Audincourt, à Grand-Charmont, à Nommay, etc...
Enfin, notons qu'au XVIIe siècle arrivent à Échenans-sous-Mont-Vaudois (vers 1643) des Humbert de la Chaux-de-Fonds ; puis, peu après, à Villars-les-Blamont, des Humbert-Droz, de la région du Locle. Comme nous l'avons déjà fait remarquer pour d'autres noms, la localisation et le développement de chaque famille demandent des recherches spéciales.

ISELIN. Nom bien connu, anciennement orthographié : Henzelin, puis Hinzelin, Inzelin, Inselin, et, avec la prononciation en patois : Iselin, ainsi transcrit, finalement, jusqu'à nos jours. Le premier membre de cette famille, apparu au Pays, est Nicolas Henzelin, de Pont-du-Bois, près de Vauvillers (actuellement, Haute-Saône) ; il était affineur de fer, et il était de religion évangélique ; il s'était réfugié à Clairegoutte vers 1587 : à son arrivée, il s'était livré à diverses transactions ; et, après avoir acheté une part du moulin dit "des Olivier", il l'avait revendue au Comte de Montbéliard, ainsi que d'autres particuliers. (Les Olivier, qui possédaient antérieurement ce moulin, avaient quitté Clairegoutte à cause de la Réforme religieuse).
En 1588, ce Nicolas Henzelin devient l'un des 16 fondateurs du village voulu par le Comte Frédéric, en souvenir d'une aventure de chasse, et appelé par lui : Frédéric-Fontaine, puis, par les voisins :"lou neuvlaidge" (le neuf village). Il en devint même le maire. Il continue son industrie du fer, avec le métier de cloutier, qu'il lègue, avec son avoir, à ses enfants, quand il meurt, en 1595. Tous les Iselin du Pays descendent de cette famille, devenue fort nombreuse, et qui a donné plusieurs personnages distingués. Le célèbre sculpteur Henri-Frédéric Iselin, né en 1826, et mort en 1905, en fait partie, de même que le Docteur Armand Iselin, bien connu.

JACQUES, Jaque. Nom biblique répandu partout,d'abord comme prénom, puis comme patronyme, avec tous les dérivés possibles. Au Pays, c'est le Magny d'Anigon qui a eu et qui a conservé le plus de familles Jacques,et jusqu'à nos jours. Le premier connu des Jacques, du Magny, avait comme surnom "Roubert" (ou Robert), en 1562 ; et les descendants actuels, toujours au même village, sont potiers d'art.

JODRY, GAUDRY, Gadry, Godry. Voici un nom montbéliardais que Dauzat connaît sous sa forme première : Gaudry, et qui équivaudrait, dit-il, au mot germanique : waldric, signifiant : puissant. Il a été abondamment répandu en de nombreux bourgs et villages du Pays. On trouve des Gadry à Bethoncourt, dès 1444 ; des Jodry, à Bavans, en 1443, et un peu plus tard, à Présentevillers, Dung, Lougres, Longevelle, Trémoins, Laire. A Montbéliard même, on trouve, dès le XVIe siècle, les deux orthographes Gaudry et Jodry, chez des selliers, des tisserands, des tailleurs. Il se pourrait, d'ailleurs, que ce soit le même nom qui apparaît, dès 1391, dans la liste des bourgeois de Montbéliard, avec un potier nommé Huguenin dit Guadry.

MAIRE. Sans remonter aux maires du Palais, on peut affirmer que nous avons là un des plus anciens noms de fonctions officielles, puis un des plus anciens noms de famille. Dans notre Pays, comme ailleurs, les maires étaient administrateurs de fiefs, pour les seigneurs ; et, dans certains villages, il pouvait y avoir plusieurs souverainetés, donc plusieurs maires. Ainsi, Echenans-sous-Mont-Vaudois, dépendant en partie d'Héricourt, et en partie de Montbéliard, avait deux maires, en permanence. Il ne faut donc pas s'étonner du nombre considérable de familles se nommant Maire, dans tous les pays de langue française. C'est à Chenebier, pour notre Pays, que nous trouvons, fin XVe siècle, le premier chef de famille portant ce nom : Girard Maire ; mais, peu après, un Jehan Maire devient Jehanmaire. A Sochaux, de même, au XVe siècle, apparaît un Jehan Maire, dont le nom disparaît assez vite. Et, à la même époque encore, il y a des Maire à Bethoncourt, à Sainte-Marie, à Montbéliard (ceux-ci venant de Mignavillers) et à Belverne. Au XVIe siècle, les Maire apparaissent à Trémoins, où ils restent, et d'où certains d'entre eux se font recevoir bourgeois de Montbéliard. A Bussurel aussi, on compte des Maire, à partir de 1510 environ ; plus tard, on en rencontre à Héricourt, Etobon, Seloncourt, Semondans, Le Vernoy. Les descendants d'un Girard Maire sont devenus des Giramaire, que nous avons connus dans la région de Glay. Ajoutons à cela les familles Maire venues de Suisse au XVIIe siècle : en 1685, un David Maire, de La Sagne, est à Montécheroux.

MALRAGE, Marage. Nom d'une famille installée à Chagey, et s'y trouvant déjà au début du XVIIe siècle ; elle s'y trouve encore. En 1620, Claude Malrage et sa femme, Jeanne Perrin, ont eu une fille nommée Bonne ; en 1624, ils ont un fils, Jacques. En 1670, Pierre Malrage est "valet d'affineur" aux Forges de Chagey ; sa femme, Judith Marcaire, est Lorraine. Le patronyme Malrage devait être le sobriquet de quelqu'un que la colère rendait mauvais ; mais, à distance, il est difficile de retrouver l'occasion des sobriquets.

MARCAIRE. Les marcaires sont des fabricants de fromages. La tradition exige qu'ils montent, au moment de la St-Urbain, le 25 mai, vers les hauts pâturages et en redescendent à la St-Michel, le 29 septembre (jadis, le 1er octobre, une grande foire avait lieu à Gérardmer). Ils emportent sur leur dos leurs ustensiles à fromages et poussent devant eux leurs troupeaux. Puis, ils s'installent dans leurs marcaireries. Celles-ci, qui sont malheureusement en voie de disparition, étaient autrefois de petits chalets construits en bois et dont le toit plat était consolidé par de grosses pierres qui leur permettaient de résister à la violence des tempêtes. Actuellement, ce sont des bâtiments en maçonnerie. La marcairerie comprend généralement deux pièces. Dans la première, on installe les instruments et l'on fabrique le fromage. Dans la seconde, très réduite, et d'ameublement très primitif, on dort. À l'ancienne installation a été ajoutée une vaste étable dont la toiture de fibrociment ou de tôle est toujours consolidée par des pierres. Des marcaireries sort un excellent fromage légèrement différent des fromages de ferme. Il est peu fermenté, à pâte molle au parfum assez doux. Le lait est réchauffé dans de très gros chaudrons de cuivre afin d'amener le lait tiré de la veille à la température du lait frais, tandis que le lait de ferme n'est pas réchauffé.

MELEZEL, Mélèze, Mellezé, Melezey. Nom de famille existant à Laire, dès le XVIe siècle, et qui s'y est maintenu jusqu'aux temps actuels, sous la forme Meleze et Mellezé. On le rencontre aussi à Héricourt, Exincourt, Montbéliard, au XVIIe siècle : en 1655, un Claude Melezel, fils de Jean, de Laire, est reçu bourgeois de Montbéliard. Puis le patronyme se répand plus loin, par exemple à Byans, au XVIIIe siècle. L'origine du mot est difficile à déterminer : il peut provenir de " mel ", qui signifie, en latin : miel et qui a, sans doute, formé Melot, Meley, etc... Mais la dernière syllabe resterait inexpliquée ; ou bien, il peut être né de "meslier", qui signifiait jadis : néflier ; ou encore de "mézel ", lépreux ; ou enfin de "mezelier", ou " mazelier", boucher. Il faudrait alors supposer une intervention de syllabes, ce qui n'est pas impossible, mais ce qui n'est pas sûr.

METTETAL, Matetaul, Mathetaux, Matteta. Nous avons découvert jadis, aux Archives Nationales (K2246) une curieuse pièce, datée de 1550, et reproduisant un titre de bourgeoisie de Blamont d'un nommé Richard dict Thieballat, de Glay, accordé en 1431 par Thiébaud de Neuchâtel. Cela impliquait, naturellement, un affranchissement. Cette pièce, en la possession des Matetaul, de Glay, était produite comme titre explicite d'affranchissement de la famille, par Richard et Guillaume, enfants de fut Jehan Matetaul de Glay. Mais ceux-ci durent encore payer, en 1555, 35 écus d'or pour faire reconnaître leur affranchissement comme valable (voir aussi : Archives Doubs, suppl. E 1056).
C'est donc à Glay que se trouve le berceau des Mettetal, et il nous faut constater qu'en 1431, ce patronyme n'était pas encore prononcé ; c'est depuis ce moment qu'on a ajouté aux noms de Richard dict Thieballat ce surnom de Matetaul, ou, en patois, Matetâ ou Mettetâ, qui ne peut provenir que de Mathieu, Mathey, avec tant d'autres dérivés. Il correspondait à peu près au nom de Mattatia, du livre des Macchabées, et qui est lui-même un dérivé de Mathieu. On prononçait certainement Mettetâ, et le tabellion a transcrit cela de bien des manières différentes, selon les sons qu'il entendait, jusqu'à ce que le patronyme se fixe en Mettetal. On voit combien est erronée l'explication de Dauzat, qui connaît bien le nom, mais qui cherche dans la dernière syllabe : "tal", une terminaison germanique signifiant : vallée. Tal est tout simplement la transcription en français du son patois : "ta", comme nous l'avons constaté pour Gueutal, qui vient de "Guetâ". Nous devions cette explication à cause du mystère qui a souvent plané sur le nom de Mettetal, et à cause du nombre considérable de représentants de cette famille bien montbéliardaise.
Les Mettetal sont souvent meuniers. Nous en trouvons, après leur évasion de Glay, dès le XVIe siècle, à Hérimoncourt, à Couthenans, à Rougegoutte près Belfort, à Plancher-les-Mines, à Luze ; puis, au XVIIe siècle, à Etupes, à Montbéliard, à Seloncourt, à Villars-les Blamont, à Liebvillers, à Montécheroux, à Valentigney et Beaulieu, puis à Nommay, etc... A Montbéliard, nous notons aussi, dans la corporation des Saint-Eloi, comme maîtres en chef : en 1613, Cuenin Maithetal, maréchal, puis, en 1634, Guyon Mettetal.
La famille Mettetal est d'une mobilité extrême, qui tient, certainement, à ses franchises, et elle s'est beaucoup étendue partout, en produisant de nombreux fonctionnaires, des maîtres d'école, des professeurs, des juges... Nous avons gardé, comme souvenirs d'enfance, l'érudition et la bienveillance d'un vieux maître de Valentigney, Pierre Mettetal, qui notait patiemment ce qui pouvait alimenter sa chronique, et qui aimait à en parler. L'un des professeurs Mettetal, de Montbéliard, a été directeur de l'ancienne " Ecole Modèle ", et Principal (par intérim) du collège cuvier.
A la famille Mettetal, de Glay, appartient Pierre-Frédéric, député du Doubs, en 1871, et mort à Paris, en 1879. Enfin, Glay a produit aussi Auguste Mettetal, ancien élève de l'Institut fondé par Henri Jaquet, et devenu pasteur et inspecteur ecclésiastique à Paris (1825-1898). Son neveu, Alfred Mettetal (1846-1897), a été aussi pasteur à Paris. De même, le Pasteur Léon Mettetal, de Dampierre-les-Bois, né en 1871, mort en 1951, et qui était le beau-frère des industriels Jeanperrin, venait de Glay.

MICHAUD, Michaut, Michottey. Au commencement du XVIe siècle, nous trouvons, à Saint-Maurice, des Michaud, ou Michaut, qui finissent, vers 1587, par recevoir un diminutif : Michottey.
Le nom se trouve aussi, vers 1587, à Colombier, Chatelot, et il se répand en dehors de la seigneurie du Chàtelot. C'est certainement un patronyme issu de Michel.

MIELLET, Millet, Millot. Ce nom se trouve à Abbévillers dès 1343, sous la forme : « Henri, dit Myllet » ; puis, au XVIe siècle, il s'écrit : Mieslet, et enfin : Miellet, forme qui a survécu jusqu'aux temps modernes. Il peut provenir soit de mil (ou millet), soit de miel, peut-être les deux, successivement ou simultanément, comme cela arrivait souvent dans la formation et la transmission des noms. Il est resté des Miellet aussi dans les alentours immédiats d'Abbévillers, notamment à Hérimoncourt, et plus loin.
Les Millot et les Millet d'Abbévillers sont du même groupe de noms.

MIGOT, Megat, Miguet. Patronyme provenant de Miguel, qui est Michel (voir Dauzat). On trouve des Migot à Lougres, dès 1476, puis à Voujeaucourt, à Seloncourt, à Audincourt et autres lieux. En 1489, il y avait des Migot aussi dans le hameau de Thulay (appelé : «La Grange de Thulay»), puis ils ont disparu de ce lieu. Le nom est sorti du Pays depuis longtemps. Un pasteur, docteur en médecine, Georges Migot, d'origine montbéliardaise, habitait Paris il y a une cinquantaine d'années ; c'est de sa famille que sort le compositeur de musique du même nom. Dans les temps modernes, les Migot semblent s'être assez éparpillés. Et à côté d'eux, dérivant de la même source, se sont placés les Miguet, qui se sont plutôt cantonnés à Audincourt et à Allenjoie.

MIGNEREY, Migneney, Maignenet, Mignat. Patronyme rencontré à Seloncourt, dès le XVe siècle, sous les formes Maignenet et Mignat, puis au XVIe siècle, à Étobon, sous les formes Migneney et Mignerey. La racine primitive de tous ces noms de famille est Magnin, avec une superposition de Mignot, signifiant Mignon. Les Maignenet (dont nous avons l'équivalent dans la Suisse romande avec Magnanat) sont plutôt à Seloncourt, et les Migneney, ou Mignerey, se trouvent à Étobon et à Belverne. Il y a, d'ailleurs, maintenant, des Mignerey dans tout le Pays, et bien au-delà de ses limites.

MONAMY, Monami. Patronyme se trouvant cantonné à Nommay, et à Dambenois, au XVIe siècle, et passant ensuite à Brognard et Vieux-Charmont, au XVI le siècle. Nous ne trouvons qu'un bourgeois de Montbéliard de ce nom, et seulement en 1779 : Jacques-Christophe Monami, cordonnier, fils de Jean-Jacques, de Nommay. Ce patronyme a-t-il son origine dans le nom du village de Nommay, déformé ? Ou bien est-ce plutôt un sobriquet tout simple, venant du mot : ami ? La question reste posée.

MONNIER. Voici un nom abondamment représenté dans tous les pays de langue française, et qui signifie : meunier. Il y a des Monnier au Pays, depuis le Xve siècle, au moins. Il y en a à Bavans et à Héricourt, dès 1443 ; à Raynans, vers 1451 ; à Trémoins, en 1499 ; à Champey, Désandans, Hérimoncourt, Montbéliard, Thulay, au XVIe siècle ; à Bethoncourt et Laire, 1640 ; à Abbévillers et Blamont, durant le cours du XVIIe siècle ; à Beaucourt, Dambenois et Seloncourt, au XVIIIe.
Et à ces nombreuses familles Monnier, du Pays, s'ajoutent celles de la Suisse romande : voici, par exemple, Germain Monnier, tanneur, de Porrentruy, qui vient au Pays vers 1555 ; Jean-Pierre Monnier, cordonnier, qui arrive d'Orbe à Montbéliard vers 1698 ; un autre Monnier vient de Tavannes à Glay, et le nom s'est conservé dans nos villages, particulièrement à Trémoins : c'est de là qu'était un brave Christophe Monnier qui, lors du siège d'Héricourt, de 1636 à 1637, encloua les canons de l'ennemi (armée de Gallas).

NARDIN, Narduhin, Narduin. La famille Nardin du Pays de Montbéliard semble bien être autochtone, et non pas issue de branches plus anciennes, venues de Besançon ou d'ailleurs, comme on l'a prétendu. Le patronyme Nardin, au Pays, ne semble pas non plus provenir, comme l'a avancé Dauzat, du prénom : Bernard. Il est une forme du nom très ancien : Narduhin, ou Narduin : il y a un Narduinus à Dasle, vers 1150 ; il y a des Narduhin, à Aibre, un peu plus tard, et c'est d'abord un prénom indépendant. Au XVe siècle, les Nardin sont de simples habitants des villages de Semondans et de Verlans. En 1580, un habitant de Semondans, Claude Nardin, cordonnier, fils de Pierrot Nardin, se marie avec Claudine Robillard, fille de Nicolas, teinturier et bourgeois de Montbéliard ; lui-même obtient la bourgeoisie de la ville en 1597 ; et, en cette même année, un autre habitant de Semondans, Thiébaud Nardin, tisserand, fils de feu Jehan, est reçu à cette bourgeoisie.
Quant aux Nardin, de Verlans, ils semblent s'être tournés plutôt du côté de Belfort ; en 1579, Jehan Nardin, de Verlans, apparaît avec deux frères, l'un Jacques, devenu bourgeois de Belfort, et l'autre Antoine, demeuré au village.
D'autres Nardin deviennent tanneurs à Montbéliard et ailleurs. Il y a, d'autre part, des Nardin à Chagey, à Couthenans et à Héricourt, au XVIe siècle ; à Champey et à Brevilliers, au XVIIe ; à Allondans, Désandans, Saint-Julien, Vieux-Charmont au XVIIIe. A partir de cette époque, on trouve partout des Nardin, au Pays et au dehors. Ce que nous devons encore relever, c'est que la branche d'Héricourt a donné, à côté du trop habile courtisan Léonard (de) Nardin (1663-1741) muni du fief de Genéchier, un pasteur dévoué, ayant servi son Église à Goumois (alors évangélique), puis à Trémoins, Samuel Nardin (mort de la peste en 1635). Et la branche de Montbéliard a donné la nombreuse et remarquable famille de Daniel Nardin, pasteur à Seloncourt, à Chagey, puis à Montbéliard (1642-1707) et de qui sont issus plusieurs autres pasteurs ; parmi eux, il faut citer Jean-Frédéric Nardin, de Blamont, qui eut un ministère béni (1687-1728). Ses sermons ont si peu vieilli, qu'ils ont été jugés dignes d'une réimpression, en ces dernières années.

NICOT, Nicod, Nicol, Niquet. Le patronyme Nicot appartient à Bavans, où il avait à l'origine, au XVe siècle, la forme Niquet. Un niquet était une infime petite pièce de monnaie de jadis ; on disait, en patois : «nitiai». et ce mot est devenu un sobriquet infligé à un personnage de petite taille, ou bien insignifiant. Or, Nitiai est devenu, en français, Niquot, Nicot, Nicod, Nicol, etc... car sur ce sobriquet flottait le souvenir de Nicolas, avec Nicol, ou de Nicodène, avec Nicod, etc...
On trouve à Audincourt, au XVe siècle, des familles Nicolas, quelquefois appelées Nicol. Dans la même ligne, on rencontre des Nicolet à Étupes, avec une branche suisse, venant de Cormoret (Berne) et des Nicolas, venant de La Sagne (Neuchâtel), au XVIIe siècle, et reçus bourgeois de Montbéliard. Il existe aussi des Nicolay à Montbéliard au XVIIIe siècle.

NOBLOT, Noblat, Noblet. Très ancien patronyme se trouvant à Montbéliard, dès le XIVe siècle, et représenté d'abord par une famille noble ayant un fief à Taillecourt, les de Noblat, alliés aux de Moustier. Puis, nous rencontrons encore des Noblot, ou Noblat, roturiers ou nobles, dans nos diverses régions de l'Est, durant tout le XVe siècle : des roturiers à Pierrefontaine-les-Blamont, à Mathay et à Chèvremont ; des nobles à Bermont, Belfort, etc...
Pour notre Pays, c'est Chagey qui paraît être le centre des Noblot roturiers : ici, nous avons plusieurs sous-branches, des Baillot, dit Noblot ; des Ganzelot, dit Noblot ; et, d'autre part, des Bechey, dit Noblot (ou inversement, des Noblot dit Bechey) ; parmi ceux-ci, il y a un Jehan I, Jehan II, petit Jehan, Claude et Pierre Noblot, "frères" ; ces cinq personnages engagent deux prés, leur appartenant, avec la possibilité de "raimbre" (ou racheter) à un bourgeois d'Héricourt nommé Poinsard (en 1526).
Le nom de Noblot, et Noblat, se trouve aussi à Étupes et à Montbéliard, au XVIe siècle ; et à Laire, Sainte-Suzanne, Dung, Héricourt et Saint-Julien, au XVIIe. Une maison Noblot, assez curieuse, avait résisté aux injures du temps jusqu'à ces dernières années, à Saint-Julien.
La branche Noblot, d'Héricourt, est devenue très importante par ses industriels qui, de Chevret, ont fait prospérer leur filature de coton. Ils s'étaient unis aux Méquillet (déjà mentionnés). Un membre de cette famille d'Héricourt, Adolphe Noblot (1816-1895) a été Sénateur de la Haute-Saône, et bien connu des milieux protestants de l'Est.
(voir P.M.-L.H.).

PARIS. Le patronyme Paris, que l'on prononce : Pârisse, n'a aucun rapport avec la capitale française ; il doit provenir, semble-t-il, du nom du saint irlandais Patrice, apparu dans nos régions avec les disciples de Saint Colomban. Dauzat l'admet implicitement, car il affirme que la forme populaire de Patrice est Parisse. Il y a des Pâris au Magny d'Anigon dès 1489 ; à Montbéliard, en 1494 ; à Saint-Valbert, en 1520 ; à Byans, en 1577 ; à Héricourt et Couthenans, à la fin du XVIe siècle. Et c'est de cette région d'Héricourt que le nom s'est transmis en d'autres lieux du Pays, quelquefois avec le diminutif Parisot.

PERRENOT, Pernot, Prenot. Voici maintenant un autre dérivé de Pierre : Perrenot, prononcé en patois : Peurnot, très répandu jadis au Pays, particulièrement dans la région d'Allenjoie et Brognard, à la fin du XVe siècle et au début du XVIe ; on trouve le nom aussi à Héricourt, dès 1447, à Montbéliard, en 1563, au Magny-d'Anigon, en 1592 ; puis à Dambenois, à Fesches-le-Châtel et à Beaucourt.
Au moment du passage des Guises destructeurs, en 1588, un vieillard d'Allenjoie, nommé Vuillemin Perrenot, fut particulièrement maltraité et torturé. Les Perrenot d'Allenjoie étaient encore mainmortables, au XVIIe siècle. Au XVIIIe siècle, nous trouvons aussi des Perrenot à Bart et Sochaux.
Quant aux Perrenot de Brognard, ils se sont développés, comme ceux d'Allenjoie, jusqu'à nos jours. Un enfant du Pays, originaire de Brognard, Théophile Perrenot, professeur au Lycée de Marseille, a fait des travaux approfondis sur les noms de lieux burgondes.

PERRET, Perrey. Encore un dérivé de Pierre, qui a eu des représentants nombreux dans notre Pays, dans son voisinage, et aussi dans la Suisse romande, surtout dans le Pays de Neuchâtel. Nous trouvons, dès le XVe siècle, des Perrey à Bondeval, puis, plus tard, à Mandeure, sans compter les Perrey, venus de la région de Montenois, dans nos villages. Et au XVIIe siècle, apparaissent plusieurs familles Perret, et Perret-Gentil, venus de Suisse, à Etobon, Audincourt, Sochaux, Vandoncourt.

PERRIN, Perin. Ce dérivé de Pierre se trouve dans presque toutes les communautés d'habitants, depuis le XIVe siècle, tantôt seul, comme patronyme unique, mais éphémère (Abbévillers, Echenans-sur-l'Etang), tantôt accompagné d'un sobriquet quelconque, tantôt changé en un nom composé (Grosperrin, Grandperrin, Jeanperrin, Petitperrin, etc...) à Chagey, Montbéliard, Lougres ; tantôt servant de racine à d'autres patronymes (Aibre, Montbéliard, Semondans). Les localités où le nom de Perrin ou Perin, seul, s'est fixé définitivement sont, par contre, rares (Beutal, Bretigney, Grand-Charmont, Héricourt) et les familles qui le portent sont clairsemées et peu nombreuses.

PETITHORY. Nous devons une mention spéciale à une famille du Magny-d'Anigon, qui a été appelée de ce nom à partir du XVIe siècle, en unissant comme nous l'avons plus haut, au patronyme Hory, le qualificatif Petit, ce qui a fait un nouveau nom de famille,largement représenté, non seulement au village d'origine, mais encore à Clairegoutte, Héricourt, Montbéliard et ailleurs. Au début, on l'orthographiait en deux mots : Petit Hory, puis en un seul, Petithory, qui est resté. Partout où l'on rencontre des Petithory,on peut supposer qu'il y a là des familles originaires du Magny.

PLANSSON, Plançon. Patronyme d'Etobon où il se trouve déjà, ainsi qu'à Grand-Charmont, au XVe siècle, en demeurant à Etobon jusqu'aux temps modernes, puis en essaimant à Clairegoutte, Chagey, Montbéliard, et dans les principaux centres industriels du Pays.
A Etobon, plusieurs Plançon ont souffert du passage des Guise, en 1588 : Zacharie, Huguenin et Pierre Plançon (ou Plansson) figurent sur les listes des sinistrés. A Montbéliard, un cordonnier d'Etobon se fait recevoir bourgeois de la ville, en 1665 : c'est Léonard Plansson. A Chagey, Jean-Nicolas Plançon et Barbe Guéritey étaient installés en 1704 (Guéritey est un nom d'Essert, dans la seigneurie de Belfort). L'origine du patronyme Plançon se trouve peut-être dans l'ancienne arme, appelée ainsi, au moyen âge, et qui tenait à la fois de la pique et de l'épieu.
D'après Littré, un plançon est aussi une bouture d'arbre mise en terre. Mais nous ne pouvons plus savoir où le premier Plançon a emprunté son nom, dans les combats meurtriers, ou bien dans les travaux de la paix.

POCHARD, Pocheard, Poschay. Patronyme montbéliardais né, probablement, non pas du sobriquet qui désigne un buveur (Dauzat) mais plutôt, chez nous du moins, du métier de fabricant, à la main et au tour, de poches (en patois : pouetches) ou cuillers en bois, grandes ou petites, seules existantes jadis, dans la vie rustique, et fabriquées surtout "au pays des bois". En effet, nous trouvons des Poschay à Chenebier et à Echavanne, au XVIe siècle ; au Magny d'Anigon, en 1661 ; et à Etobon, un peu plus tard. Mais c'est surtout au Magny d'Anigon que le nom s'est fixé, au milieu des petites industries locales du bois et de la terre. La visite ecclésiastique de 1725 qualifie ainsi le maire du Magny :
"Daniel Pochard, homme intelligent et de résolution".
C'est bien ainsi qu'il faut se représenter, en général, les membres de la famille Pochard, dans l'énergie d'une vie tranquille et honorable, sans grande prétention.
Il y a eu pourtant chez ces sédentaires, des membres de l'enseignement et quelques fonctionnaires, dont un pasteur du XIXe siècle, mais la masse est restée au village.

RAYOT. Voici un patronyme bien montbéliardais, originaire du village de Saint-Julien : en 1440 déjà, nous rencontrons un personnage appelé : "li Raïot" (le Rayot) avec son fils Vuillemat. Ce nom vient de la profession de charron : "le Raïot" était celui qui faisait les rais ou rayons des roues de voiture. Le mot correspond à peu près au vieux nom français : Royer.
Les Rayot ont toujours subsisté à Saint-Julien, depuis l'origine des noms de famille ; et ils se sont étendus d'abord dans les limites du Pays, à Lougres (1510), à Désandans (1593), à Montbéliard (1614), à Vandoncourt (1660), à Héricourt (1670), à Exincourt (1696), à Aibre (1703). Puis ils ont essaimé, en dehors du Pays, par les métiers (maréchaux-ferrants, à Bavilliers) ; par le professorat : Pierre Rayot, né à Saint-Julien vers 1615, et professeur et interprète à Hambourg, Brème et Helmstedt (Allemagne) ; par le pastorat : trois pasteurs nommés Pierre Rayot ont exercé au Pays : l'un, né à Saint-Julien et pasteur à Roches-les-Blamont (1575-1595) ; un autre, né à Montbéliard, fils de Claudy, et marié à Catherine Barbaud d'Héricourt, en 1669, père de nombreux enfants, a exercé à Clairegoutte et à Saint-Julien ; et un troisième, né à Saint-Julien en 1682, marié à Charlotte Grosrenaud, a exercé au Ban de la Roche et à Clairegoutte. Il a eu lui-même plusieurs enfants, dont Jean-Georges, né en 1718, et qui a fait aussi de la théologie.
Nous devons noter, pour les temps modernes, qu'un Pierre-David Rayot, de Saint-Julien, né en 1827, a été professeur à l'Ecole des cadets de Saint-Petersbourg et conseiller d'Etat de l'ancienne Russie ; il est mort là-bas, anobli, en 1892. Sa famille a encore des représentants au Pays.

REGNAULD, Regnault, Renaud et Grosrenaud. Le prénom Regnauld, ou Renaud (Ragin, conseil, et waldan, gouvernement) était jadis fort répandu dans nos contrées, avec ses composés et ses diminutifs, à cause du prestige qui s’attachait au souvenir et au nom de Renaud de Bourgogne (XIIIe siècle), qui avait accordé des franchises au bourg de Montbéliard, et qui avait cédé la chatellenie de Blamont, en 1283, à son oncle par alliance Thiébaud IV de Neuchâtel (Urtière). Les prénoms ont souvent été choisis parmi les grands du jour.
Renaud aussi formé, très tôt, des patronymes, eux-mêmes escortés de composés et de dérivés. Nous avons ainsi, pour notre seule région de Montbéliard,un nombre incalculable de familles Renaud.
Au XVe siècle, on trouve des Renaud à Désandans, à Montbéliard et à Valentigney : et, dans ce dernier village, ils resteront, paisibles et laborieux, jusqu'aux temps modernes. A Montbéliard, à Roches-les-Blamont et à Dung, le diminutif Regnauldot (Renaudot) existe parallèlement à Renaud. Il y a aussi des Regnauld au XVIe siècle à Allenjoie, à Courcelles-les-Montbéliard, à Exincourt, à Mandeure ; et, au XVIIIe, à Dung, Ecurcey, Héricourt, Audincourt et Vandoncourt.
De plus, dans certaines localités, on trouve, en même temps, des Renaud et des Grosrenaud (avec les diverses orthographes) : à Bondeval, au XVe siècle ; à Roches-les-Blamont, Blamont, Vandoncourt, Dannemarie, Dasle et Villars-les-Blamont, au XVIe siècle. Et, en face des Grosrenaud, existent aussi des Petitrenaud, par exemple à Tavey, au XVe siècle.
Nous avons remarqué, sans nous l'expliquer, que les Grosrenaud s'étendent surtout (sauf quelques exceptions) sur le territoire de l'ancienne chatellenie de Blamont.
Quelques Grosrenaud sont sortis de l'ornière du village : un Pierre Grosrenaud, originaire de Roches, a été pasteur à Saint-Georges de Montbéliard, comme diacre, de 1785 à 1788, puis il a été titulaire de la cure de Couthenans. D'autre part, à Montbéliard même. deux originaires de la vieille souche de Bondeval, reçus bourgeois de la ville en 1778, Charles-Henri et Georges-Frédéric Grosrenaud se sont distingués par leur talent de graveurs.

ROSSEL, ROUSSEL, Rosel. Il y a trois sortes de familles Rossel, au Pays : il y a d'abord des Rossel autochtones, et qui s'appelaient primitivement Roussel, d'après une particularité physique, sans doute : la rousseur des cheveux. On les rencontre dans toute la région, sans que l'on puisse, d'emblée, établir entre eux d'autre lien qu'une ressemblance de ce genre : en 1374, voici, d'après nos pièces d'archives, Houry li Roussel, de Coisevaux ; en 1359, Guiot ly Rosel, de Bocourt ; puis, en 1423, Jehannenat Rosselx, du même lieu ; en 1392, Henry ly Rozel, de Mignavillers, reçu bourgeois de Montbéliard ; en 1443, Vuillemin li Rosselz, de Mandeure.
A Echenans-sous-Mont-Vaudois, les Rossel apparaissent dès le début du XVe siècle, et ils y resteront jusqu'aux temps modernes, comme travailleurs de la terre, ou comme artisans. Parmi eux, il faut noter Georges Rossel, né en 1522, et mort centenaire, en 1622, après avoir été soixante ans maire, pour la seigneurie d'Héricourt, dans ce village, mi-parti avec le comté de Montbéliard. Son fils Servois, par contre, mourut jeune, lors de la peste de 1635, précédé de peu, dans la mort, par Henriette Courtot, sa femme, et laissant, avec elle, le souvenir de membres fidèles et généreux de leur Église. De leurs sept enfants, l'un, Jehan, né en 1609, reprit la charge de maire que Servois avait déjà assumée comme suppléant de Georges, et il y ajouta la fonction de cojuge de la principauté, qu'il remplit longtemps. Plusieurs Rossel d'Echenans ont quitté le village pour s'installer en Allemagne, et à Belfort, où ils ont fait souche.
A côté de familles importantes comme celle-là, il y a eu des Rossel montbéliardais, dès le XVe siècle, à Fesches-le-Châtel, à Montbéliard, à Héricourt, à Sainte-Suzanne, à Hérimoncourt, à Abbévillers ; puis, au XVIe siècle, à Dung, à Allondans, à Sainte-Marie, à Genéchier.
D'autres Rossel, encore, sont venus, dès 1597, de Porrentruy à Montbéliard, où ils ont occupé des fonctions importantes : le premier connu, par le registre de bourgeoisie, est Nicolas, dont les descendants ont été fonctionnaires ou industriels ; quelques-uns ont changé, en Alsace, leur nom en celui de Risler.
Enfin, en face de ces Rossel anciens, on rencontre les Rossel venus de Suisse, après la guerre de Trente Ans, et installés en divers lieux du Pays, comme Blamont (venus de Tramelan), ou Etobon (avec l'orthographe Rosset), ou Bavans, etc... Tous ceux-là ont fini par se mêler aux Rossel de nos villages.
G.P. - M.S.E.M. - de L. Renard et G. Rossel : La chronique des Rossel - G. Rt (au Musée Beurnier). P.M.L.H.

ROSSELOT, Rosselat, Rosselet. Patronyme dérivé de Rossel, et très répandu au Pays, dès les temps anciens. Il y avait déjà des Rosselet à Sainte-Suzanne en 1490, et à Montbéliard à cette même époque : ainsi, nous glanons, en 1509, dans les comptes du receveur Vautherelet, la mention suivante de plusieurs sommes versées à Huguenin Rosselat, chappuis (charpentier), "pour avoir refait la grosse écluse de la Rouchotte" (près de la rue d'Héricourt), puis "le pont de la porte Saint-Pierre" (près de la rue de Belfort), et "le pont de la porte Regnaud Pussin" (près de l'Enclos).
A Blamont, en 1506, se trouve, sur une liste d'habitants redevables : "Jehan Rosselot, pour sa part de la terre Jehan Jarrat". Il y a des Rosselot (ou Rosselat) aussi au XVIe siècle, à Taillecourt, à Audincourt, à Héricourt ; et au XVIIe siècle, à Présentevillers. Parmi ceux d'Héricourt, il faut citer, au XVIIe siècle, Thiébaud Rosselot, époux de Françoise Defrance, dont la fille, Anne, épousa Jehan Cuvier, chirurgien (l'arrière grand-père du grand Cuvier),

ROY. Voici un patronyme banal, et dont la signification est claire. Il y a eu partout des gens surnommés Roy et auxquels ce sobriquet est resté comme nom de famille. Nous en avons eu quelques-uns au Pays, dès le XVIe siècle. En 1500, un nommé Jehan Roy, de Recologne (près de Rioz), s'installe comme "ruhier" (ou charron) à Montbéliard, dont il devient bourgeois. Il y a, peu après, à Echenans-sous-Mont-Vaudois, un Claudot Roy. On pourrait aussi mentionner un Le Roy, à Lougres, en 1442 (Perrin Le Roy, fils de Richard).
Mais, à partir du XVIIe siècle, les arrivées de Suisses, venus repeupler nos villages dévastés et déserts, amènent chez nous plusieurs familles appelées Roy, soit qu'elles aient déjà été porteuses du nom en Suisse, soit qu'elles l'aient reçu en échange d'un nom à consonance germanique : ainsi, à Aibre, un nommé Jean Furst, époux de Claudine Tournier, arrivé à la fin du XVIIe siècle, fut inscrit comme " Furst, dit Roy", et ce dernier nom est resté. A cette même époque, on trouve des Roy aussi à Désandans, puis, plus tard, à Laire et à Longevelle.
D'autre part, plusieurs familles Roy figurent à Vandoncourt au moment du recensement de 1670 : une "veuve Claude Roy, née Suzanne Queinche, de franche condition ", a sept enfants, dont quelques adultes ; et une famille Guenin Roy, époux d'Elisabeth Vuillemenot, compte cinq enfants, dont deux sont déjà mariés. Il devait rester des descendants de ces familles, à Vandoncourt, jusqu'à nos jours.
En 1779, un Pasteur Jean-Léonard Roy, originaire d'Aibre, meurt à Allenjoie, où il avait exercé son ministère. Et, au XIXe siècle, se trouvait à Bussurel un Pasteur Charles-Eugène Roy, qui a écrit plusieurs ouvrages sur le Pays.
M.S.E.M. - Une de ses études " Us et coutumes du Pays de Montbéliard" (1886) vient d'être rééditée par Laffitte-Reprints, Marseille.

SIRABRY. Nous avons, ici de même, un composé de Sire rapproché du vieux nom : Aubry, ou bien Abry (voir plus haut). Au XVIe siècle, on orthographiait encore : Sire Abry, ou Sirabry. Voici, en 1571, trois frères, à Echenans-sous-Mont-Vaudois : Servois, Jacques et Jehan Sirabry, orthographiés peu auparavant (en 1562) : Jehan, Servois et Jacques Sire Abry.
La famille Sirabry a été apparentée souvent aux anciennes et notables familles de la Seigneurie d'Héricourt, entre autres, aux Rossel, d'Echenans.
En 1627, "Regnauld Sirabry, d'Echenans, subject originel de Son Altesse, à cause de sa seigneurie d'Héricourt, a deux maisons sises à Echenans, la première mouvant et dépendant partie de la Seigneurie d'Héricourt, et le surplus de la seigneurie de Belchamp, appartenant à S.A. ; l'autre maison, neuve, naguère bâtie tout entièrement de la seigneurie d'Héricourt, sauf un petit bâtiment joignant cette maison neuve". Et comme Regnauld "reçoit beaucoup d'incommodités, à cause du meslange et confusion d'icelles seigneuries l'une dans l'autre", il demande que chacune des maisons, "pour ses deux fils, dépende d'une seule seigneurie sans aucun meslange". Et le Conseil accepte la proposition, contre 20 écus, pour les deux maisons. Ce trait de mœurs montre quelles grandes difficultés rencontraient parfois les habitants des "villages mi-partis". Les Sirabry se sont étendus aux villages voisins et aux localités industrielles.

SIMON, Symon, Simonet, Simonin. Prénom d'apôtre, très répandu dans l'Eglise, dès les temps lointains, et devenu, ça et là, patronyme, avec des diminutifs nombreux. Au Pays, on trouve des Simon, au Magny d'Anigon, après 1501 et jusqu'à la fin du XVIe siècle. Il y a eu aussi à Tavey, en 1549, un Jehan Simon, alias Chadelloy, reçu bourgeois de Montbéliard. Un peu plus tard, arrivent au Pays, d'autres Simon venant d'autres régions, mais sans s'étendre ni se multiplier beaucoup.

SIRE, Sircoulon, Sircoulomb. Il y a eu des Sire, à Audincourt, depuis le XVe siècle, au moins, et ils s'y sont maintenus très longtemps, en s'étendant dans les environs immédiats. Nous croyons que le nom lui-même a, au Pays, la même signification que le mot patois chire, désignant, dans le langage populaire, celui "qui peut vivre sans travailler" ou encore "qui est un monsieur". Il y a, dans ce mot, tantôt du respect, tantôt de l'ironie, bien qu'il provienne, à l'origine, comme le mot seigneur, d'un titre d'honneur.
Les premiers Sire rencontrés aux Archives avaient pour prénom : Jehan, et cela, jusqu'à la fin du XVIe siècle. En 1588, nous trouvons encore : Jehan Sire, fils de fut honorable François Sire ; puis Sire se présente seul, et il s'unit ensuite à Coulomb, ou Coulon, pour former Sircoulomb (1700). Les Sire d'Audincourt ont été unis aux anciennes et notables familles du Pays, aux Duvernoy, dit Vuillot, du Vernoy, aux Rigoulot, d'Exincourt, aux Mégnin, de Montbéliard, etc...
A Meslières, comme à Audincourt, les Sire deviennent Sircoulomb, ou Sircoulon. Le premier d'entre eux s'appelait : Jehan Bonjour, dit Sire, en 1543. Les Sire, de Belverne, n'y apparaissent qu'au XVIIIe siècle, mais ils y resteront.
Citons, en terminant, un Huguenin Sire, tanneur, venant de Roppe (près Belfort) à Montbéliard, où il est reçu bourgeois, en 1572, et où il s'installera.

SURLEAU, Surlave, Surlaigue. Les Surleau, d'Aibre, qui se sont appelés aussi : Surlave (eau est ave en patois) et, ça et là, Surlaigue, qui en est synonyme, avec une inflexion nouvelle venant de la langue d'oc, et due peut-être à un moine prémontré, originaire du Midi, sont les plus anciens "grangiers de Vaulx" connus par les Archives : le premier inscrit comme tenancier de la Grangia, ou propriété rurale de Vaulx-les-Vernois, dépendant de l'abbaye de Belchamp, est Henry Surlave, d'Aybre, apparaissant en 1502 ; son fils Perrin lui succède en 1510 et, après, c'est le petit-fils, Jehan en 1549.
Mais, avant toute succession de grangiers, nous avons noté une pièce d'archive, datée du 14 juin 1404, et mentionnant "le vendaige des meix et héritaige par Estevenatte, dit Gruel, fille de Perrin Surlave, et de Sibillate, sa femme, au profit de Narduhin Surlave, frère dudit Perrin, d'Aybre, contre 61 florins de Florence".
Les enfants de Jehan, le grangier, d'autre part, se dispersent, et plusieurs créent ailleurs des foyers : l'aîné, Claudot, devient meunier à Raynans ; Nicolas, son cadet, reprend la grange de Vaulx, tandis que l'un de ses fils s'installe à Charmontey ; Regnauld est meunier à Héricourt, à Saint-Valbert, puis à Luze ; Grand Jehan, le suivant, est meunier à Nommay, et enfin Pequegnot (ou Petit) Jehan a, ensuite, de nouveau la Grange de Vaulx.
Les Surleau, une fois dispersés, continuent à essaimer dans toutes les directions : à Héricourt, à Bavilliers, à Rougegoutte, à Montbéliard, à Trémoins, à Champey, à Saint-Valbert, à Saint-Julien, à Clairegoutte, à Brevilliers, à Grand-Charmont, etc...
La famille Surleau, nombreuse et importante, a donné, en ville, des artisans, des commerçants, des hommes de loi, des maîtres d'école, des maîtres en chef de plusieurs corporations, des pasteurs, depuis le XVIIe siècle jusqu'au XVIIIe et au delà.
On a gardé notamment, à Montbéliard, le souvenir des pasteurs de Mandeure et de Saint-Julien. Mais, auparavant, il y en avait eu plusieurs autres, presque tous prénommés Jean-Georges : celui de Blamont, Clairegoutte et Roches ; celui de Couthenans et Montbéliard, etc... Jean-Georges Surleau, de Mandeure, inspecteur ecclésiastique, mort en 1826, est le père et le grand-père des deux Jean-Georges, de Saint-Julien. Enfin, il convient de rappeler l'existence de la famille Surleau-Goguel, dont une fille avait épousé le colonel Denfert-Rochereau, défenseur de Belfort pendant la guerre de 1870-71.
Il est inutile d'ajouter que le nom Surleau devait provenir, à l'origine, soit d'un étang, soit d'un cours d'eau.

TOURNIER, Tornier. Nous avons vu que le Tourot était, jadis, plutôt celui qui détenait le tour, et le tournier, ou tournelier, était celui qui le faisait tourner. Il y a eu des tourniers, comme des tisserands, dans tout le Pays, et l'on ne s'étonne donc pas de trouver ce nom fixé aussi comme patronyme.
Nos pièces d'archives mentionnent des familles Tournier à Aibre, déjà en 1490 ; à Héricourt, en 1523 (Tornier d'Aibre) ; à Montbéliard, au XVIe siècle, avec des peintres, venus de Besançon, s'ajouter, aux Tournier du Pays ; à Clairegoutte, en 1543 ; à Désandans, en 1593 ; à Laire, au XVIIe siècle, et au Magny d'Anigon, au XVIIIe.

TOURNU, Tournut. Ce patronyme, qui doit avoir le même sens que Tournier, n'est montbéliardais que par adoption ; mais nous le relevons parce qu'il a, depuis trois siècles, acquis droit de cité au Pays, où il est encore répandu.
Le premier Tournu rencontré dans nos docu¬ ments est "Claude, originaire de Veleme en Bourgogne (Velesme, près de Gray), habitant Chagey, où il possè¬ de un héritage franc, qu'il a acquis des héritiers de Franquemont, qui Y a femme et une ample famille". Cette note est de 1670 : à ce moment, Claude Tournu, qui était venu des forges de Valay, près de Gray, à celles de Chagey, après avoir passé par Audincourt, Héricourt et Clairegoutte, avait déjà dix enfants, de Sara Bailly, de Frédéric-Fontaine, et il devait en avoir treize. Il avait la charge de "facteur aux forges et chas- savant". Nous le trouvons inscrit au livre des bourgeois de Montbéliard, à la date du 25 mars 1655. Et sa nom¬ breuse famille devait s'étendre aux environs de Chagey, et bien au-delà.

Généalogies Montbéliardaises
(Pasteur Charles Mathiot, voir Ami Chrétien année 1981 et suivantes)